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From ME to who wants

Courtes nouvelles, états d'âmes, poésies, vie de maman, et quelques clins d'oeil. Tout est dans le texte :-)

Les secondes précieuses


          J’aime le rituel du soir. J’aime savoir que nous apportons chaque jour les repères dont notre fils a besoin pour grandir en se sentant en sécurité. Je le regarde, du haut de ses 4 mois, faire ses grandes découvertes. Vous imaginez, découvrir que le monde est en relief !!! C’est énorme !! Passer de la dimension plane à un univers en contraste…. Je laisse à l’aventure les petites mains, qui parcourent le visage de Maman et dessinent les creux et les bosses, je soutiens mentalement le petit corps qui se dandine à l’assaut des jouets hors de portée : la vie s’enrichit dans ces déplacements… Mon enfant, quelle chance pour le moment d'ignorer encore la quatrième dimension, le Temps ; celui qui deviendra son pire ennemi, celui qui dévorera peu à peu son enfance, puis emportera avec lui ceux qu’il aime, nous, dans son inéluctable faim. Le temps ne devient pour les grands la variable la plus tangible qu’une fois passé l’âge du diable : l’adolescence meurt avec notre immortalité.

 


             Mais pour l’heure, loin des tourments qui sont les nôtres, à nous, les grands, son père et moi érigeons autour de lui les remparts artificiels du bonheur et de la sécurité de toutes nos forces de parents. Tous les soirs, nous déroulons avec amour le même rituel, la même histoire, nous installons les mêmes repères. Le bain, le dernier repas réveillé, le câlin bien serré, le doudou, la berceuse. L’un après l’autre, ensemble, avant de le laisser simplement s’endormir.


              Ces secondes précieuses sont vite chamboulées. Je ne pense pas que ce soit vraiment grave, mais je préfère que les éléments gardent leurs chronologies, le plus longtemps possible. Alors, lorsqu’est passée l’heure du coucher depuis longtemps déjà et que son père n’arrive pas, il m’est difficile de tenir. Et j’ai attendu comme cela vendredi soir, longtemps, qu’arrive la seconde présence masculine de la maison. Tiens bon, mon fils, ton père arrive. Tiens bon, il est sur la route… J’ai vu le petit sombrer dans le sommeil au creux de mes bras. J’ai rejoins le berceau, toute troublée à l’idée que pour la première fois depuis sa naissance, ce soir là, son père ne lui chanterait pas sa berceuse. J’ai couché mon enfant, et j’ai commencé, seule, à fredonner les notes familières.

 

 

               Je n’ai pas entendu la clé dans la serrure, mais, à la fin de mon couplet, une voix grave a pris le relais. C’est bon, mon fils, tu peux y aller, dors de toutes tes forces, nous sommes là tous les deux, nous veillons sur toi. Le temps est joueur : au timing de la minute d’endormissement, la montre de son père a été, cette fois-ci, précisément réglée sur le créneau de son sommeil.

 

Bonne nuit, mon enfant. Je t’aime.

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