Les Vampires

Les Vampires

Ils sont là, tout autour. Je les sens, je le sais.

Ils sont toujours là. Même absents. Leur empreinte demeure. En ce moment, en plus de leur marque ostentatoire, ils sont présents, physiquement.

Et pour l’instant, ils dorment.

Drapés dans leur dignité, leurs ailes repliées sur eux, boucliers amovibles.

Je sais bien que ce calme, relatif, ne durera pas. Le fragile repos loin de la lumière. L’appel. L’envol. L’articulation douloureuse du jour à la nuit n’est qu’une étape, elle aussi. Cette transition traînante, entre un sommeil parfois tumultueux et une agitation sourde, bouillonnante, comme mon sang, constante ; j’ai froid.

C’est le manque d’énergie. Epuisée, la moindre goutte asséchée, leurs dents toutes blanches, pointues, si efficaces à croquer, disséquer, retourner, chahuter, contraindre chaque parcelle de mon être pour en extraire le meilleur. Celui qui a du goût, ce goût de la vie, celui qui reste. Le seul qui compte.

Ils sont là, ils dorment.

Ils prennent de moi le pire, le meilleur, en font leur chair, leurs esprits.

De ma force, même de mon amour. Ils se repaissent. Nourrissent ma peur, traquent ma colère.

Ils me vident, m’aspirent, m’anéantissent.

Ils sont là, tout autour. Je les sens, je le sais.

Les vampires. Je leur ai donné mon sang.

Mes vampires.

Aux dents de lait.

Je leur dévouerai mon âme.