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From ME to who wants

Courtes nouvelles, états d'âmes, poésies, vie de maman, et quelques clins d'oeil. Tout est dans le texte :-)

Et toi, t'as des enfants ?

La question parait badine. L'interpellation classique, la tournure habituelle. 
La question survient assez naturellement dans les premiers échanges d'une rencontre.
"- Et toi, t'as des enfants ?"

Derrière se déclinent deux possibilités.

Toutes les nuances se glissent dans les alternatives.

La réponse peut être : "- Non, je n'ai pas d'enfants."
Mais dans ce non, les silences sont multiples.
 

- Non, je n'en ai pas, parce que je n'ai jamais trouvé le père. Et le temps passe, l'horloge tourne, l'échéance de la péremption s'approche, et, avec elle, ses lots d'angoisse et de scrupules.
- Non, je n'en ai pas, parce que depuis des années, je me bats pour qu'un embryon se décide à se lover, se nicher, grandir, se développer au creux de mon corps. Je traverse, je soulève des montagnes russes d'espoirs et de chagrins, elles se succèdent, vagues énormes contre lesquelles je lutte, de mois en mois, qui me bousculent, qui m'usent, qui transforment toute ma vision de la vie, de la famille.
- Non, je n'en ai pas: je n'en veux pas. Cela ne regarde personne - mais tout le monde donne son avis. Alors, je ne justifie pas: je réponds juste "non", et j'assume mon choix, ma liberté de femme, mon univers à moi.
- Non, je n'en ai pas, je n'en aurais jamais.
- Non, je n'en ai pas. Je n'en ai pas parce que j'en avais, mais qu'ils ne sont plus. Il arrive, douleur sans nom, que nos anges, parfois, s'envolent avant nous. Cette question vient saler de ses larmes la plaie béante, hurlant dans le grand vide du coeur.
- Non, je n'en ai pas. Ce n'est pas le moment, je suis trop jeune, trop libre, trop seule, trop occupée, trop...
Mais bientôt peut-être ?

 

L'arbre des possibles a également la ramification du "Oui".
Généralement suivie d'un nombre, logique branche généalogique.
Mais quelle ombre, derrière ce nombre ?

 

Des enfants uniques, par choix, par chance, par malchance.
Des enfants uniques, parcours parental cahotique.
Des enfants uniques, parcours médical éprouvette, éprouvant. Finalement positif, mais que l'on ne renouvellera pas. La faute au temps, à l'énergie, à l'espoir, mais c'est comme ça.
Des marmots surprises... avec lesquels il faut avancer.

Des decendants d'un autre corps, que l'on aime plus que soi-même, ou que l'on s'est vu imposés.
Des petits avec en eux des cartes de départ qui sont les leurs, et toute une vie à affronter, quelle que soit la répartition des atouts.
Des fratries qui s'érigent sur les fantômes de toutes les grossesses qui n'ont pas abouties.
Des fratries où certaines places, non citées, étaient un jour celles d'autres petits anges.
Des fratries dont le sang se partage en moitiés.
Des rejetons incarnant une vie révolue, indélébiles marques de "ce qui a été".
Des minots dont un parent manque à l'appel... le quotidien tous les jours souligne d'un trait noir les creux sous mes paupières.
Des enfants qui nous ont privé de nos sens : que l'on ne voit jamais, qui ne nous parlent plus, avec lesquels on ne s'entend pas.
Des enfants que l'on n'était pas sûr de vouloir.
Des enfants ? Oui, il était temps.
Des enfants dont on sait qu'ils existent, que l'on a jamais rencontré.
Des enfants que l'on a trop désiré.
Des enfants pour lesquels on se ronge les sangs.
Des enfants pointillés. D'autres à venir...
Des enfants pour lesquels tout va bien, tournés vers l'avenir.

La question parait badine...
Mais toutes les réponses ont un sens caché.
"Et toi, t'as des enfants ?"

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