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From ME to who wants

Courtes nouvelles, états d'âmes, poésies, vie de maman, et quelques clins d'oeil. Tout est dans le texte :-)

Les sacs

Les sacs

Merci pour Chihuahua, cocktail, hélium, guacamole, nabuchodonosor, inique et remorque grâce à qui j’ai conçu cette histoire. Toute ressemblance, bien sûr, à une situation ayant été récemment vécue reste probablement fortuite, évidement.

Aujourd’hui, dernière ligne droite : je boucle les valises. Boucler les valises, c’est commencer le voyage du côté de l’imaginaire, de la promesse, de l’espoir. De la superstition aussi, de la prévoyance, même, d’années en années, de l’optimisation. Boucler mes valises, c’est m’entrouvrir les yeux. En ôter les chassies d’un an de quotidien, bientôt se rincer l’œil aux couchants d’Armorique.

Pourquoi de l’imaginaire ? A chaque dos-nu que je choisis de glisser dans mon sac, je projette la terrasse d’un café m’accueillant dans ma contemplation de l’océan pendant que je sirote un cocktail. Pareil à chaque robe, à chaque paire de chaussures. Pourquoi une promesse ? Je ne porte cette combinaison que pour plonger mes orteils dans le sable. L’emporter, c’est s’assurer de retrouver la caresse tiède de milliards de coquillages pulvérulents, c’est attendre les facéties des vents piquants des courants d’Ouest ; c’est ainsi pour chaque nippe, chaque châle, chaque vêtement ; ce que j’ajoute trimballe sa propre rêverie de balade. L’espoir ? Si je pars, c’est que je vis encore. Je vais les rejoindre. Bousculées depuis plus d’un million d’années, les vagues m’attendent - je leur inventerai des noms. Auprès d’elles, indissociables, ces rochers aux formes étranges (une baleine ? Un ogre ? Un chihuahua peut-être ?) contre lesquels elles se fracassent. La danse tragique de leurs combats perdus d’avance. Encore, j’userai le temps à tenter de capturer l’éclat d’une fin, l’effondrement d’une lame dans un panache d’écume – le fracas, quand l’ombre et la lumière font un feu d’artifice. Encore, la plus belle de l’instant éclatera devant mes yeux, s’échappant inéluctablement de mon objectif.

La superstition, c’est le parapluie qu’il ne faut oublier pour conjurer le sort. La prévoyance, c’est le désinfectant et la boite de pansement toutes tailles. L’optimisation, c’est s’assurer de la disponibilité immédiate des pyjamas ou d'un chargeur du téléphone – pas de route sans musique : j’ai renoncé depuis longtemps à confier mes oreilles à leurs radios locales aux programmations douteuses : nous écouterons Tri Yann, Manau, Matmatah, et Dès que le vent soufflera, Santiano, le Mont Saint Michel, d’autres encore, puis quelques podcasts – Héra, les victoires d’Ulysse et d’Hercule, le radieux destin de Marie Curie.

Pour n’être traitée d’inique je veille à remplir chacune de leurs besaces d’une quantité adéquate de doudous, livres, voitures, t-shirts, shorts ou gilets – bagages sur mesure pour chacun de mes gnomes. Pour ceux qui l’ont ouï-dire oui, c’est vrai : j’assortis les couleurs de leurs contenus vestimentaires à celles de la destination. Des bleus, des verts, des gris dominent, des jaunes illuminent et le rouge est banni – je suis certainement timbrée, mais j’assume : à mon sens, mes clichés sont bien plus réussis lorsque mes enfants et le fond du décor sont ensemble assortis. Si je suis folle, tant pis.

Plus tard, le cœur gonflé à l’hélium des aventures à venir, je mettrai en application minutieuse mon historique (chargé) en Tétris pour optimiser, dans les quelques mètres carrés mobiles à ma disposition, (un coffre de toit, mais pas de remorque), tous les enfants, toutes les envies, toutes les cartes, tous les paquets, tous les pique-nique, du paquet de chips au pot de guacamole, les draps les serviettes les pulls les tours de cou les torchons les éponges les couteaux les crayons et, entre tout ça, des nabuchodonosors de bonheur en ivresse à distiller tout le long du chemin.

En attendant de boucler les ceintures, je dois boucler les valises… ça en fait des circonvolutions pour une si douce ambition. Ah si, pendant le voyage, j’écrirais des histoires.

J’écrirais des histoires, avec des mots choisis.

Si je partagerai ? Et bien, Je ne sais pas. Peut-être, ou peut-être pas. On verra. Dans tous les cas, je ne suis jamais loin, même quand je suis là-bas. Toi aussi, écris-moi.  

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