3 Décembre 2020
Moi je voudrais, tout comme avant,
Sentir la pluie comme le beau temps
Sauf qu’une anesthésie générale
Mortifie jusqu’à mon moral :
J’ai perdu le goût de la fête
Et je tourne en rond dans ma tête.
Comment vont-ils, tous mes amis ?
Quelle est leur humeur, aujourd’hui ?
Je devrais prendre des nouvelles,
Mais n'ai la force d"un appel -
Je m’enlise et de ma torpeur
Le las désistement m’écœure.
Alors, je reporte, je m’isole,
Engoncé dans ma camisole
Psychique, car sans projection
Mes pensées sont vastes prisons :
Quand on ligote la liberté
Comment la joie peut demeurer ?
Paralysés, projets en berne,
Figés dans ce présent si terne –
Quand s’étirent tous ces mois pourris,
L’élan lesté, et à l’envi
On nous assène que la prudence
S'avère renoncer aux vacances,
Comment vouloir tenir encore ?
Je ne mets plus le nez dehors.
Le temps continue de filer
Ses deux aiguilles de s’enfoncer
Au creux d'une vacuité de jours
Un spleen loin d'un compte à rebours ;
Un engourdissement de montre,
Privé du relief de rencontres.
Sucré, le sel du quotidien,
Sans la chaleur de nos copains,
Sans la saveur que les familles
Apporte en soignant les papilles
Qu’il est rance, cet an 2020 -
Il nous a tous mis au parfum.
Et je remarque, le teint blafard,
Qu’il ne reste que le cafard ;
Qu'il n’y a plus le goût à rien,
(Que l’odeur du gel sur les mains).
Une année de peines et de drames,
L’année de l’agueusie des âmes.